L'assaut du Hall - Suite (Rappel : Texte de Fëanor Valandril)La clameur de guerre n’avait jamais été aussi forte. Dans la Grande Salle, les derniers colporteurs priaient leurs dieux. Tout le monde attendait le capitaine de la garde. On savait qu’il était là… mais les grilles étaient rompues, qu’était devenu le capitaine Arthas ?
La guilde était affaiblit oui, mais tout était pire aujourd’hui. Quelques uns des meilleurs combattants n’étaient pas là. Une chance pour eux sans doutes, car ils seraient aujourd’hui épargnés.
Sur les remparts, les archers faisaient sans cesse siffler leurs flèches et tomber des corps. Mais vint le temps de laisser la corde et de dégainer l’épée. Pour se défendre, pour survivre quelques secondes de plus. Les murs orangés et fiers ne sont plus que d’ensanglantés vestige maintenant… et les premiers bâtiments brûlaient.
Partout l’on se battait, dans la cour, sur les escaliers, dans les hangars et les jardins, dans les chambres. Un groupe de mercenaires s’était amassé vers l’objectif principal. La Porte.
A la surprise de tous, celle ci s’ouvrit sur Ysaline Satyrus, seconde de la garde et de la sécurité, et par conséquent aujourd’hui, général de guerre.
Elle mis son casque lentement, laissant tous ses camarades approcher à ses côtés et derrière elle. Des Nécromanciens, des Guerriers, des Derviches, des Elementalistes, des Assassins… tous les talents étaient là. La magie et les armes venus des quatre coins du monde, pour une ultime bataille. Non, ils ne se cacheraient pas derrière leur dernière barricade. Ils tenteraient le tout pour le tout.
Les ennemis hésitaient à avancer. Mais ils gagnaient doucement du terrain. Tout d’un coup, dans les ténèbres de l’intérieur, derrière le groupe de survivants, se dressa une silhouette. Un homme d’ivoire et d’or vêtu s’éleva dans les airs, des ailes de flammes géantes se dessinèrent dans son dos. Bientôt, c’est une lumière céleste qui se projeta, ses yeux s’allumèrent, sa bouche s’ouvrit : « Que Balthazar en soit témoin, nous vaincrons ! CHARGEZ ! »
Sur ces mots, tous s’élancèrent en hurlant. Ils étaient peut être cent fois moins nombreux, mais tous ces gabarits, toutes ses armures étincelantes et toutes ses âmes vengeresses firent reculer la force pirate.
Le premier à les faire tomber fut le bien nommé Judicateur Zamerine. Transformé en effrayant Avatar Divin, il faisait tournoyer sa faux, ouvrant une voie jonchée de morceaux de cadavres. Des horreurs ressurgies de l’outre monde naquirent de toutes part, du feu tombait du ciel.
Arthas, resté à la porte, immobile, vit les profondeurs du hall illuminées par ce déferlement magique. Ses troupes reculaient, et étaient très dispersées maintenant. Tout était allé si vite ! La victoire semblait acquise par les Colporteurs, et ce retournement de situation n’avait pris que quelques minutes.
Ce n’est vraiment pas grave, toutes ses vies n’avaient aucune valeur aux yeux du guerrier. Et puis, deux autres bateaux avaient déjà débarqués, et le hall s’empli de nouveau. Mais cette fois, Arthas participa à la charge.
Le choc fut terrible. Les survivants étaient maintenant noyés sous un flot de combattants sales et grognants. Malgré les efforts du capitaine et du parangon, ils ne parvinrent pas à rester ensemble. Chacun pour soi, mais le combat n’était pas fini. Ils étaient entraînés, chacun, à survivre dans ces circonstances. Seulement porter assistance à un camarade en danger allait devenir périlleux.
Arthas avait compris cela. Ysaline était encerclée, mais s’arrêta net. En face d’elle, son collègue, ami et compatriote la menaçait. Jamais elle n’avait eu l’occasion de le voir en position de guerre, sous son armure aux épaulettes immenses. Un adversaire d’une force supérieure, d’une taille imposante, possédant une épée immense et un bouclier fort massif. Elle avait vu pire. C’était une grande combattante, et avec le plus grand sang froid, elle se mit en garde. Un duel dans les règles de l’art, sans aucune assistance.
Le guerrier lui asséna le premier coup. Dur à encaisser, cette épée était décidément trop longue. Mais le manche de son marteau était à toute épreuve, et elle contre-attaqua violemment. La boule de pics acérés ricocha sur le bouclier adverse. Le combat était engagé. Il allait en suivre comme cela, attaque, parade, contre attaque, jusqu'à que l’un des deux trouve une faille fatale.
Mais avec deux adversaires de ce niveau, chaque coup se voulait mortel, et ils fatiguèrent vite. Arthas tenta par l’estoc, mais le corps d’Ysaline était très souple, son esquive lui donna un très grand élan qui lui permit de sauter en l’air et d’abattre impérieusement sa masse sur son ennemi. Elle lui brisa une épaulette, et finit sa course dans le bouclier, une nouvelle fois. Des gouttes de sueur perlaient sur son front, ses muscles lui lançait et son cœur battait la chamade. Elle sentait le corps de son adversaire immobile, et profita de l’occasion pour relâcher la tension qu’elle avait imposé à ses bras. Elle s’était cabrée pour recevoir un éventuel coup, mais rien ne se passa. Arthas était il touché ? Vite, il fallait l’achever. Elle bascula son poids en arrière pour soulever son marteau. La faille.
L’arme était littéralement plantée dans le défendeur. Elle lança un regard triste et désespéré, un regard implorant pitié et aide, aux alentours, et sur le visage de son agresseur. Celui ci la regardait, impassible depuis l’impact. Sa lame s’enfonça dans la poitrine de la dame Satyrus. D’un geste sec, il la retira et laissa le corps de la jeune guerrière s’effondrer, dans le sang et l’acier.
Le guerrier était une nouvelle fois choqué. Il venait de tuer, ou tout au moins de laisser pour morte, une brave innocente qui avait vouée sa vie à ses frères d’armes. Comment avait démarré son excès de furie ? Par crise d’égoïsme envers Fëanor ? Pas seulement. Il avait appris une chose horrible sur ce rôdeur si gentil et protecteur. Mais tous ces morts ? Uniquement parce qu’il n’avait pas le courage de finir le boulot lui même. Et il avait sauté sur l’occasion pirate, sans mesurer toutes les conséquences. Il sentit sa tête se faire lourd, il se sentait très mal. Pensait il trop ? Sa vision se troublait et il était pris de nausée. Il se sentait soudain comme frappé d’une quelconque maladie accélérée. Un sortilège. Il ne tarda pas à identifier son attaquant. Celui ci intentait un nouveau sort, plus puissant. Mais un coup de bouclier rageur lui arracha le crane et le stoppa net. Arthas venait de s’étonner lui même, puis contempla la boule de pics métalliques, encore figée dans la carcasse de son Défendeur. Celui ci était d’ailleurs maintenant brisé. Il l’abandonna, et jugea de l’instant.
Il y avait tellement de cadavres d’humains ! Jamais il n’avait vu cela. Soudain, un nuage d’ombre passe devant lui, et un assassin lui planta deux couteaux dans le dos. Ayant encaissé la surprise, il se retourna et lui envoya sa main gantée en pleine figure. Maintenant assommé, il allait l’achever. Mais un frisson glacé lui lacéra le dos. A peine s’était il retourné à nouveau qu’un javelot lui transperça la jambe. Il avait face à lui deux frères ennemis, mais qui combattait côte à côte. Le Derviche et sa faux de glace avait depuis longtemps perdu l’énergie nécessaire au maintient de sa transformation, mais sa faux tranchait plus que tout. Derrière lui, le parangon était couvert de sang, et gardait les corps meurtris de certains de ses camarades. Skuall Isankell, Arana Ostria… Des héros trop jeunes pour tenir si longtemps, mais il les avait sauvé. Motocko Akenathon la brave le rejoignit bientôt, suivi de Garlaa Walda, Henir Lomeran et bien d'autres. Tous formèrent un dernier cercle avec les gardes restants.
Sans comprendre, Arthas pris alors feu. Zamerine lui en voulait. Pour éviter sa faux, il sauta en arrière et tomba dans l’escalier, en se couvrant le visage. En bas, et remis de son immolation fugace, il envoya tout le reste de ses hommes à l’assaut.
A l’autre bout de l’ile, Thaoth Ardor combattait encore. Cela faisait une heure maintenant, que son marteau broyait organes et membres. Il était transpercé d’un dizaine de flèche et crachait du sang a chaque mouvement. L’arrière garde du dernier bateau voulait l’entourer sans y parvenir. Car Thaoth connaissait bien la tactique du nombre face à un ennemi infatigable. Aussi reculait il au fur et à mesure où il faisait des morts. Il était trop sévèrement atteint, et chaque contraction musculaire déclenchait une douleur qui voulait le faire tomber à terre. Sa vision se voilait et il suffoquait. Il commençait à taper sans pouvoir vraiment y penser, tout était flou dans sa tête. Soudain, les rustres stoppèrent. Thaoth enfonça son arme en terre et s’appuya dessus, il avait du mal à tenir debout.
« -Ahhhgh…. Aaaa… aaalooooooorrs ? Lach… laches ! V…v… vous n’osez plus venir rejoindre les… les bras… chaleureux… les bras chaleureux de Grenth !? Ouuuuuiii… oui… venez ! Je suis… je dois… je dois être son meilleur ami aujour… maintenant… Aaaaa…. Le plus court chemin vers son…. Son royaume ! Ce… cela… cela est mon marteau ! Mm… mourrez, mourrez…. Tous… aaghhh…. »
Il ne pouvait plus parler intelligiblement tant il était affaiblit. Il baissa la tête et ferma les yeux, pour reprendre son souffle. Quand il redressa la tête, il s’essuya tout le sang qui souillait son visage, lui donnait une tête infernalement cruelle. Mais ce n’est pas la haine qui l’emporta dans sa chute. C’est l’étonnement. Quand des dizaines de pirates le firent tomber dans le vide contre lequel il s’était acculé. Son marteau resta là, planté. Son armure se fracassa en partie sur les rochers, il termina sa descente dans l’océan. Un océan d’un bleu et d’un calme sans pareil.
Sans même le contempler, les mercenaires coururent au hall enflammé.
Arthas avait eu une dernière idée pour finir le travail. En face la Grande Salle se trouvait l’infirmerie, qui servait aussi de réserve à bière depuis peu. Il vit le dernier groupe d’hommes venir en courrant de la falaise. Ces hommes combattaient Thaoth… le géant avait il sombré ? Il chercherait plus tard, pour l’instant il se contenta de donner l’ordre de le suivre.
D’un coup de son pied qui n’était pas transpercé, il fracassa le verrou et ouvrit la porte.
La salle était vide. Xyu et les moines était partis au temple de Dwayna pour un pèlerinage annuel. Très bien, il ne voulait tuer ni de moine ni de blessés. Il détesterait cela. Se retournant, il était décidé à aller lui même achever les survivants qui combattaient toujours, et à traquer les fuyards. Un voix rauque l’arrêta.
« -Arthas… Arthas comment déjà… ah oui… Arthas Celebrion, le novice de cette vieille branche de Fëanor. Crois tu bien que tu nous auras ? Tant que je me dresserais, tant que battra mon cœur et tant que s’agitera mon épée, la guilde des Colporteurs d’Ascalon sera immortelle ! »
Le guerrier fut pris de panique. Unen. Unen Aïre. Le mythique Unen Aïre, le premier et le chef des Colporteurs par delà les ages, selon les dires même de son remplaçant. Unen Aïre, le pilier de l’ordre. Ce phénomène était dans le coma suite à une chute normalement mortelle. Aucune médecine ne pouvait le réveiller. Et il se tenait là, debout, bandé, en garde et légèrement tremblant. Entouré de fut de bières, c’était là une bonne fresque qui résumerait l’histoire de l’origine et de l’heure de gloire de la guilde.
Il en était trop. Il avança vers Unen, les hommes collés dans son dos. Au dernier moment, il fit volte face, et barra la route aux pirates. Là, il aperçu le commanditaire. Le grand chef de cette gigantesque guilde pirate. Il était derrière ses hommes, furieux de les avoir presque tous perdus.
« -Celebrion ! Par l’honneur de votre sang ! Respectez ce marché ! Regardez combien sont morts par votre faute ! Vous êtes un piètre commandant !
-Et vos hommes n’avaient aucune espèce de valeur à mes yeux. Que croyiez vous ? Que j’allais leur servir de maître à penser ?
-Ecartez vous ! »
Arthas ne savait plus quoi faire. Il ne voulait pas abandonner Unen, mais se sentait ridicule de protéger le dernier après avoir causé la perte de presque tous les autres. Soudain, au loin, derrière le cadavre de la porte de l’infirmerie, il aperçu tous les survivants s’enfuir, Arachnos Eldoras a leur tête. Ils avaient vaincu ! Ils avaient trouvé une faille pour fuir ! Son sang ne fit qu’un tour. Il oublia tout le reste pour se lancer à leur poursuite. Il fallait qu’ils le mènent à Fëanor.
Quand il fut partit, les pirates s’attaquèrent au seigneur Aïre. L’épée de l’ancien chef fendit l’air avec une précision étonnante, pour un traumatisé, et il put en défaire un bon nombre. Son honneur allait être sauf. Jusqu’au bout.
Arthas traversa, aussi vite que lui permettait sa jambe blessé, le hall vers la sortie. Il restait encore de nombreux combattants pirates. Tous ramassaient cadavres, richesses, armes, tous rentraient. Il en bouscula violemment quelques uns, trop occupés pour avoir vu passer la colonne furtive des fuyards. Il arriva au bord de la falaise et ne put que contempler les chaloupes ramasser le corps de Thaoth toujours flottant et fuir vers un horizon meilleur.
FIN