Paroles d'immortel.

Sombre est la nuit, Obscure est le soir,
Pour lui, il n’y a plus d’espoir.


La jeune femme était assise sur la chaise, elle semblait horrifiée, un homme tournait autour de lui, il s’écrasait les mains, ses os craquaient à chaque pression :

- Hali...Ma chérie, pardonne-moi ! Mais...Ce que je vais faire, je vais le faire pour toi, je t’aime et j’ai réussi à vaincre ma timidité. Je vais t’offrir un cadeau, un merveilleux cadeau ma douce. Je vais te raconter ma triste et longue histoire
- Enfin mais que ce que tu racontes ? Je connais ta vie, j’ai vécu la plupart de ta vie à tes cotés !
-Non mon amour, tu ne la connais pas…Non...non, vois tu, comme tu le sais sans doute, je suis le fils d’un riche marchand mais ce que tu ignores, c’est quand je suis né ! Ma venue au monde est située dans les environs de l’an 36 après l’Exode...Je te vois éstomaqué mais je ne mens pas je t’assures ! Vois-tu, j’étais fier et brave, fort et séduisant, sans me vanter évidement, il rit doucement, mais cela n’a pas suffit à me défendre. Vois-tu, il existe des créatures, que tous ont oubliées, et qui ne portent aucun nom. Je ne su jamais pourquoi les Dieux m’ont infligés un tel châtiment mais je ne peux mentir, la vérité finit toujours par ressortir des limbes du Passé, j’ai croisé leur chemin.
Pour te donner une idée, toute surface solide est pour eux une porte. C’est comme si ils vivaient dans un milieu aquatique sous nos pieds, dans nos murs mais cette surface est exactement identique à la notre. Je te vois étonnée et incrédule, et je ne peux pas t’imputer de cette ignorance car je l’ai moi-même connue. Regarde ce mur, il fait un peu près deux mètres, et bien une créature peut très bien se tenir dans le mur mais c’est comme si elle flottait. C’était juste pour te donner une idée dans le monde auquel j’ai appartenu pendant des années.

Ils m’ont entrainés ! Dans leur cauchemar liquide, j’ai été happé dans leur monde aquatique et terrifiant par une de ces perfides aberrations, J’ai réussi à la tuer en lui tordant le cou mais j’ai semé les graines de ma déshumanisation. Je ne pouvais rejoindre le monde d’au dessus sans eux, tu comprends ? Est-ce que tu comprends ? Peux-tu imaginer les horreurs que j’ai vécues ? Cesse de me regarder comme ça !Je ne sait ce que cette surface a eu comme effet sur moi, alors arretes!

Soudain, il se calma et prit son visage effrayé dans ses mains :
-Pardon, pardon.., il l’embrasse sur le front puis se redressa, j’ai donc « nagé » dans ce lieu étrange pendant je ne sais combien d’années. Beaucoup apparemment car lorsque je revins et bien Orr était détruite et je n’avais plus de patrie. J’ai donc rejoins la Kryte et j’ai vagabondé. J’ai honte ma chérie car vois-tu, sans les relations humaines, je n’existe pas, ce qui me donne l’impression de vivre, c’est d’aimer. Mais j’ai forgé une relation égoïste, dans un seul sens, car je dois seulement aimer mais le sentiment d’être aimé m’ai désormais inconnu, car vois–tu. Ce qui te donnes l’impression de vivre à toi, c’est lorsque tu te nourris, nourriture acquis par ton dur labeur, lorsque tu bois l’eau fraiche, lorsque le soleil frappe ta peau. Moi je n’ai plus cela.
Mais cependant...Tu n’existes pas vraiment non plus. Oh, pas comme moi ! Non, non, non ! Toi tu peux encore être sauvé, ce qui n’est plus mon cas…Qui ne sera plus jamais mon cas.
Vois-tu, la notion de classe sociale est très importante. Comment veux-tu expliquer à un gros prince qui se vautre dans la débauche et le luxe, que la nourriture n’est pas chose acquise, alors que lui, l’a en abondance…
Mais toi ! Tu peux encore me comprendre ! Car tu es une femme de la terre, tu la travaille en espérant à chaque printemps de voir le blé s’élever majestueusement. Tu as donc cette notion.

Cependant...Je n’ai pas toujours été partisant de la vie, loin de là ! Je me suis jetté dans les bras des pires créatures ! Mais regarde !, il se jette sur la table en bois derrière lui, se retourne muni d’un couteau et se transperce la joue, regarde ! Tu vois, le sang n’a même plus le temps de couler que ma peau se cicatrise déjà…Je n’ai plus besoin de me nourrir, de boire. Je suis donc le prophète d’une science réelle mais je ne la comprends même plus.Hinhin...Quelle ironie. Mais je dois aussi d’admettre une chose...Tu n’as pas été ma première femme.Tu dois être la 8eme, je pense. Je les ai vu toutes mourir mais...Je me suis aussi lassé des femmes, j’ai donc tout essayé, même les hommes…
Cela te choque ? La lassitude est la pire chose qui puisse m’arriver. C’est normal non ? Ma vie n’a plus de début depuis longtemps et n’a pas de fin non plus.
À quoi sert un but qui sera aussitôt détruit par l’érosion. Hinhinhin, je suis bloqué Halimala. Mais ce n’est pas ton cas, j’espère que tu as compris pourquoi tu devais profiter de la vie pleinement. Je dois aussi t’avouer quelque chose, tu m’as redonné un peu le gout de vivre mais seulement à tes cotés…

Il s’agenouille devant elle, caresse l’un de ses mains, elle ne dit rien, elle se contente de regarder dans les yeux. Elle se lève, puis s’en va…


[HRP]
(il me semble que c'est bon^^, si tu en vois d'autres, dit le moi )
P.S:c'était imputé :p

La nuit est tombée depuis longtemps et pourtant, deux silhouettes continuent à avancer dans l’obscurité.

Elles approchèrent de l’extrémité d’une falaise, l’une d’elle tirant un lourd chariot d’où émanait une odeur immonde.
La première silhouette fit un geste et l’autre s’arrêta. La lune éclaira la scène, un homme et une femme. Elle, penchée près du bord du vide, regardant les vagues se fracasser contre la roche, Lui, débarquant l’objet qui embaumait l’air de son parfum de mort :
-Viens, amène-le ici, dit la Femme.

L’Homme s’exécuta, en avançant, la Chose toujours dans les mains, puis il la jeta à terre.
L’objet en question était en fait un torse humain, horriblement mutilé et brulé.

La Femme traina le corps au bord du précipice :
-Attends, dit l’Homme qui courut vers le chariot et qui revint en trainant un poids d’acier pourvu d’une chaine.
Il attacha la lanière métallique au bras restant du cadavre et leva les yeux vers sa compagne :
-Au cas où, murmurat’Il.

Ils le jetèrent donc à la mer.



Trente-trois ans plus tard

Tu peux réussir, tu n’as que trop attendu dans cette immonde liquide, cela te rappelé des mauvais souvenirs ? Qu’importe !
Allez grimpe !ne t’occupes pas de ce moignon de jambe qui te démange, il t’en repoussera une.

Allez, va-y ! Utilise ses brindilles qui te servent de doigts. Tu as chaud, tant pis, tu vas bientôt retoucher la terre ferme, cela devrait te suffire non ?
Tu sens l’air sur ton visage, après tout ce temps dans la vase.
Et le cri des mouettes, tu l’avais oublié non ?

Te voila enfin au somme, tu es laid, tu es faible, tu n’es plus qu’une loque mais tu es ! Maintenant marche, même si tu souffre, respire, même si tu étouffes, cri, même si tu es muet, mais vie…

Quatre-cents dix jours plus tard

Quelle douleur ! Aucun être ne devrait souffrir autant que je souffre. Est-ce mes jambes, ces sortes de bâton rugueux, et mes pieds, je n’ose les voir sans avoir des nausées.
Je suis donc retourné à ma demeure, après que Halimala soit partie, enfin, elle ne doit être plus qu’un tas d’os desséchés à l’heure qu’il est. Penser à elle me fait mal.
Me voila donc, couché dans ma vieille palliasse, poussiéreuse, de la vermine grouille sous mon haillon de couverture. Pour en rajouter, le frottement du tissu sur ma peau à vif suffit à m’arracher d’horribles cris de douleur. Peu importe, je retrouverais mes assassins, bien que l’expression ne correspond pas car je ne suis pas mort, et je danserais sur leurs tombes !

Non cette idée m’est insoutenable, rien que d’imaginer de leur tordre un doigt, mon estomac en est tout retourné. Quelle triste déchéance, j’avais un avenir de vaillant guerrier et me voila incapable de penser à les faire souffrir. Navrant.

J’attends donc, je n’ai que cela à faire non ?, le temps s’écoula à la vitesse d’un torrent.

Dix neuf ans après

Lorsque je me relève, je ne sais combien de temps après, il me semble avoir grandi. Cela me tourmente, je crois bien avoir gagné quarante pouces depuis ma naissance d’immortel. Finir géant me terrifiait, mais je n’avais aucune alternative, n’est ce pas ?

Je l’avais choisi avec soin, mon cher Emaïl, mon tendre amant.
Te souviens-tu de ces chaudes nuits du Phénix, où nous discutions philosophie jusqu’aux premières lueurs du jour ?
Tu étais si innocent, croyant que la Lune était l’œil d’un géant fixé sur nous. Tendre enfant.
Mais je t’ai vu mourir, de manière prématurée, lorsque la maladie t’a agrippé et j’ai assisté à la décadence de ton corps et à la mort de ton esprit.
Oublions ces souvenirs, vivons le moment présent, ne t’ai-je pas raconté ma jeunesse dans le Royaume d’Orr ? Si bien sur, comment aurais-je pu oublier ?

Je me souviens, je me souviens…

« J’étais le fils d’un simple marchand, ma mère s’était tuée en se noyant dans un flaque d’eau après s’être évanouie.
Peut-on imaginer mort plus risible ?
Mais ce père aimant et pourtant si distant, en y repensant, il me semble qu’il voulait vivre à travers moi et atteindre les objectifs qui n’avait pu atteindre.
Il m’envoyât donc dans une académie de seconde zone, c’est tout ce qu’il pouvait m’offrir et c’était déjà suffisant. Mais moi, ingrat que j’étais, je ne faisais rien, n’écoutant rien, ne pensant qu’aux femmes que je rêvais enserrait dans une étreinte fougueuse. Car je ne cherchais pas l’amour mais la passion ! »
« Il y avais aussi Tinquèn, Lectenm, et Hatoms, mes amis, à ce jour disparu. Lorsque nous nous amusions dans les Ruelles d’Arah.
Je ne vous attrapais jamais, trop lent. Nous grandîmes, nous nous étions juré de rester ensemble. Mais…je ne sais pour quelle raison, vous vous êtes éloignez. Tinquen par ton sentiment d’indépendance, Lectenm, combien de fois ai-je vu la chevelure rousse que tu tenais dans tes bras ?et Hatoms, mon merveilleux ami, toi tu es parti par indifférence.
Combien de fois ai-je pleuré votre absence ? Mais le pire ce n’était pas pour vous que je pleurai mais pour moi. Perdre mes amis d’enfance était associé à perdre mon innocence d’enfant. Cela faisait mal en soi, mais cela signifié aussi que tout ne serai plus comme avant. Même si nous serions restés ensemble, aurions nous pu continuer à nous courir après en riant ?
La maturité est une malédiction. Car ne soyons pas pressés de grandir, nous y perdrons plus que notre innocence…